L’Art de Bouger : Quand la Volonté et l’Habitude Dansent avec le Temps:


Determinants of physical activity adoption and maintenance in older adults: A dual process approach.

Jaclyn P. Maher, Maslyn H. Behler, Derek and all. 

Psychology of Sport and Exercise.March 2025.

Imaginez un matin d’automne, où la lumière filtre doucement à travers les rideaux. Monsieur Dupont, hésite : doit-il enfiler ses baskets pour sa marche quotidienne, ou céder à la tentation de son fauteuil et d’un bon roman ? Cette scène banale résume à elle seule le cœur de l’étude de Maher et ses collègues : comment, pourquoi, et surtout quand les personnes séniors décident-elles de bouger, puis de persévérer ?

Le Dilemme du premier pas:

Pour la plupart d’entre nous, l’activité physique est un remède miracle – un élixir de santé, de joie et de lien social. Pourtant, les statistiques sont cruelles : seulement une minorité de séniors atteint les recommandations en matière d’exercice. Les campagnes de sensibilisation, aussi bien intentionnées soient-elles, peinent à transformer les bonnes intentions en actions durables. 

Pourquoi ?

Les théories classiques, comme celle du "comportement planifié", supposent que nous agissons de manière rationnelle : nous pesons le pour et le contre, fixons des objectifs, et agissons en conséquence. Mais qui n’a jamais reporté une séance de sport "à demain", malgré une conviction sincère ? La volonté seule ne suffit pas. C’est là qu’intervient la science des modèles à double processus.

Deux cerveaux en un : Le Réfléchi et l’Automatique:

Notre esprit fonctionne comme un duo de danseurs :

  • Le premier, réfléchissant, est celui qui liste les bienfaits de la marche, qui planifie, qui se motive. C’est la voix de la raison, celle qui dit : « Tu sais que c’est bon pour ton corps! »
  • Le second, automatique, est plus silencieux, mais tout aussi puissant. Il agit sans que l’on y pense : un déclic, une habitude, un environnement familier. C’est lui qui, après des semaines de marche, fait que Monsieur Dupont enfile ses chaussures sans même y réfléchir.

L’étude de Maher explore cette dualité délicate : quand est-ce que la volonté prend le pas, et quand est-ce que l’habitude s’installe ?

Adopter ou Maintenir : deux histoires différentes:

L’Adoption

Au début, tout est effort. Il faut se convaincre, se motiver, lutter contre la tentation de l’inactivité. Les déterminants « réfléchis », comme l’intention, la confiance en soi, la planification sont alors les stars du spectacle. Sans eux, le premier pas ne se fait pas.

Le Maintien

Mais avec le temps, quelque chose change. Les baskets deviennent une évidence, le parcours un rituel. Les déterminants « automatiques » comme les habitudes, les associations inconscientes prennent le relais. Le corps et l’esprit ont appris à danser ensemble, sans besoin de compter les pas.

L’étude révèle que ces deux phases ne répondent pas aux mêmes règles. Une intervention qui marche pour motiver un débutant peut être inutile (voire contre-productive) pour quelqu’un qui pratique déjà depuis des mois.

Thème: évolution de la pratique sportive

Le Temps, ce sculpteur invisible:

Et puis, il y a « l’instant présent », ce flux constant de décisions minuscules qui façonnent nos journées. Grâce à une méthode innovante appelée Ecological Momentary Assessment (EMA), les chercheurs ont pu capturer ces micro-décisions :

  • un coup de fatigue,
  • une météo clémente,
  • une pensée positive…

Autant de facteurs qui, en un clin d’œil, peuvent transformer une intention en action – ou en abandon.

L’étude montre que ces fluctuations quotidiennes sont tout aussi importantes que les traits de caractère ou les habitudes à long terme. Un senior peut être très motivé "en théorie", mais si, ce matin-là, la pluie et une nuit blanche ont raison de sa volonté, l’activité physique n’aura pas lieu.

Une Leçon d’Humilité:

Au fond, cette étude nous rappelle une vérité simple : « nous ne sommes pas des machines ». Nos comportements ne s’expliquent pas par une équation froide, mais par une symphonie complexe de raisons, d’émotions, et de hasards. Pour aider les seniors à bouger – et à continuer de bouger –, il faut donc « écouter cette symphonie » :

  • Au début, les encourager à réfléchir, à planifier, à croire en eux.
  • Ensuite, les aider à ancrer l’activité dans leur quotidien, jusqu’à ce qu’elle devienne une seconde nature.
  • Toujours, rester attentif aux petits riens qui, chaque jour, peuvent tout changer.

Bouger, c’est comme apprendre à danser. D’abord, on compte les pas. Puis, un jour, on se laisse porter par la musique. L’art – et la science – est de savoir quand guider, et quand laisser faire.

Et si la Kinésithérapie devenait une Chorégraphie ?

Cette étude nous révèle une vérité poétique : « le mouvement est une danse entre la volonté et l’habitude », une valse où le corps et l’esprit apprennent, pas à pas, à s’accorder. Mais pour les seniors, cette danse est souvent interrompue par la peur, la douleur, ou simplement l’oubli. C’est là que la kinésithérapie entre en scène, non plus seulement comme une science du corps, mais comme « un art de la transition ».

Pour les kinésithérapeutes, cette recherche offre une partition précieuse :

kinésithérapie paris
  • Au début, ils sont les metteurs en scène : ils expliquent, motivent, et aident à tracer les premiers pas. « Pourquoi ce mouvement ? Comment le faire sans risque ? Quand l’intégrer dans votre journée ? »
  • Ensuite, ils deviennent des architectes d’habitudes : ils transforment les exercices en rituels, les contraintes en évidences. « Et si on accrochait vos élastiques à la porte de votre cuisine ? Et si on faisait de votre marche un rendez-vous avec le parc ? »
  • Toujours, ils restent des gardiens de la fluidité : ils anticipent les jours de fatigue, célèbrent les petites victoires, et rappellent que chaque geste compte.

La kinésithérapie, dans cette perspective, n’est plus seulement une rééducation. Cela devient une initiation à une nouvelle façon de vivre son corps, où chaque mouvement, aussi modeste soit-il, devient un acte de liberté. Comme un professeur de danse qui, après avoir enseigné les pas, s’efface pour laisser ses élèves s’abandonner à la musique.

Envie d'en savoir plus ?

Contactez-nous pour réserver une séance ou visitez notre page Localiser la douleur pour en savoir plus.


Lire les commentaires (0)

Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Catégories

Derniers articles

L’Art de Bouger : Quand la Volonté et l’Habitude Dansent avec le Temps:

25 Nov 2025

Determinants of physical activity adoption and maintenance in older adults: A dual process approach.
Jaclyn P. Maher, Maslyn H. Behler, Derek and all. 
Psych...

Le Timed Up and Go (TUG)

17 Nov 2025

« Le Timed Up and Go (TUG) » est un outil d’évaluation fonctionnelle incontournable en kinésithérapie. Conçu pour mesurer la mobilité, l’équilibre et le risq...

La marche, cette prescription douce :

17 Oct 2025

En kinésithérapie, chaque pas est une victoire. Cette étude le confirme avec élégance : 4400 pas par jour— une balade jusqu’au parc, un détour par la boulang...

Création et référencement du site par Simplébo Simplébo

Connexion